Poèmes du mois de mai 2022
Mario FERRISI
Sahel
Des grenades éclatées qui saignent sous l'azur
Le blanc d'une mosquée qui se dissout dans l'ombre
Une terre fumante qui fait trembler les murs
Des faisceaux redoutés qui percent la pénombre
Un air ensoleillé qu'on entend comme un hymne
Une corniche surchauffée dévorée de soleil
Des croupes, des mamelons qui ornent les collines
Des tapis de bourraches, des vallées sensuelles
A deux pas du désert, des premières palmeraies
C'est un troupeau du bled qui broute son fricot
Dans l'oued nonchalant au berceau raviné
Hier puissant torrent , aujourd'hui filet d'eau
Descendant vers la mer, l'olivier des douars
Profusion végétale qui sans effort surgit
Transforme le décor plongeant de toute part
En un cirque argenté qui enlace Bougie
J'ai tout perçu en peintre, mes couleurs dans ma plume
Jusqu'au sommet des dunes, aux portes du désert
Et mon cœur se souvient, sans peine, sans amertume
Du lieu où je suis né, merveilleux univers...
Guy PUJOL
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Un BASILIC Rue du Mirail
Au Moyen Âge à l’angle des rues des Augustins, du Mirail et Gratiolet se trouvait un puits,
Les habitants du quartier venaient quotidiennement y puiser l’eau avec leur seau,
Un jour, en lançant le sien, l’un d’eux entendit un bruit étrange au fond de l’eau,
En se penchant, l’homme vît deux yeux de reptiles et tomba raide mort au fond du puits.
Quelques habitants trop curieux périrent à leur tour d’un simple regard sur le rebord de la cavité,
Les villageois tentèrent en vain de déloger la bête, jusqu’à ce qu’un soldat fasse une miraculeuse arrivée,
Revenant d’Egypte, il annonça à la foule qu’il avait le secret pour terrasser le serpent du mouroir,
Il descendit dans l’antre de la bête avec une simple pièce de métal, polie comme un miroir.
Dès que la bête croisa son propre regard dans le miroir elle mourut sur le coup, terrassée,
La vie put reprendre son cours normal et la rue du puits fut renommée,
En souvenir de cet créature hybride, à tête de coq et à corps de serpent d’ailes affublé,
Du nom de Mirail, ce mot signifiant miroir en gascon, la rue fut baptisée.
La légende raconte que le basilic né d’un œuf de coq âgé entre sept et quatorze ans,
Est couvé par un crapaud sous l’étoile Sirius dans un particulier alignement,
Né du sang de la Gorgone, croiser son regard pétrifie sa victime immédiatement,
Lui faire entendre le chant du coq l’effraie, lui renvoyer son propre regard provoque son anéantissement.
Guy Pujol
Evelyne GENIQUE
J'assume
J'assume chacun de mes mots
J'écris ce qui me touche
Ce qui m'émeut
J'ai posé ma plume
A côte de l'encrier
Mes poèmes sont faits maison
Ils viennent de l'âme
Un poème est beau et pur
Composé de toutes mes émotions
C'est la musique des mots
Il me guide, me rassure
Me protège de l'ennui
Me fait vibrer
Il m'a fallu du temps
Et beaucoup de courage
J'assume
Jean ESPARBIE
Le blé
Cultivé tout d’abord vers le Croissant fertile
Du Moyen-Orient, on répartit le blé
Près des terres du Nil, puis il devint utile
Aux différents pays par la faim assemblés.
Du sein de Lauragais sur lequel mon enfance
S’épanouit toujours des berges de canal
Ou des champs couleur or pour les grandes vacances,
Il suscita en moi un plaisir peu banal.
Je vis les paysans couper à la faucille
Les tiges qui dressaient un trésor dans les cieux
Et des corps en sueur montait pour leur famille
Une chanson d’espoir voulu audacieux.
Attelée au cheval l’étroite moissonneuse
Constitua bientôt les nombreux gerbillons
Avec soin emmeulés dans la vertigineuse
Danse des salariés fourbus des tourbillons.
Juste après le conflit déclenché par l’immonde
Dictateur allemand, tous les agriculteurs
Découvrirent ravis « l’outil » qui dans le monde
Contenterait enfin ses utilisateurs.
Il faisait pleinement à la place des hommes
Le travail épuisant, mais Pépé cria fort
Dès l’entrée aux Loubats qu’il priverait en somme
Des ouvriers du pain gagné par les efforts.
Je compris bien plus tard cette sombre attitude
À reprendre parfois lorsque certains labeurs
Pourraient s’effectuer sans trop d’inquiétude
Dans le triste calcul du nombre des chômeurs.
Gamin émerveillé, les yeux remplis d’étoiles,
Je me tins à côté des maîtres satisfaits
Par l’engin du progrès qui jetterait les voiles
Sur les maux du passé présentement défaits.
La récolte à l’abri dans l’immense remise,
En attendant l’achat par quelque groupement,
Rassura l’employeur sur la dépense mise
Et offrir du bonheur à votre garnement.
Dans les grains entassés, je chantais à tue-tête,
Je glissais, je roulais, comme mes compagnons
Pour le partage heureux d’une modeste fête
Même si les parents prenaient des airs grognons.
Comment imaginer dans mon âme enfantine
La céréale un jour arme d’un souverain
Jusqu’à causer, hélas ! une atroce famine
Parmi les pauvres gens privés du moindre entrain ?
Pascal ROUILLARD
Sérénade pour Carcassonne.
Du haut des Pyrénées descend la rivière Aude
qui vire pour couler vers la mer émeraude.
Non loin de ce virage un petit groupe d’hommes
établit à Carsac un nouvel oppidum.
Puis il se déplaça vers un talus pierreux
qui, dominant la plaine, est bien moins dangereux.
Arrivant de très loin, les Volques Tectosages,
envahissent les lieux et provoquent un brassage.
Carcassonne prospère avec la paix romaine.
L’axe qui de Narbonne à l’Aquitaine mène
prend toute sa valeur, et la ville devient
un site important pour les empereurs flaviens.
Menacés d’invasion par des peuples étrangers,
les Romains tentent de faire face au danger.
Autour de la cité, ils élèvent des murs,
lui constituant ainsi une solide armure.
Le fort bâti dans la Montagne d’Alaric
par le Seigneur des Goths n’est pas allégorique.
Après les Wisigoths viennent les Sarrasins
mais la ville perdure, assistée de voisins.
Carcassonne est choisie siège d’un évêché.
Saint Stapin, Saint Gimer sont là pour y prêcher.
Le vieux comte Roger, pour des raisons vitales,
s’établit dans les tours de la porte orientale.
La Cité construit la nouvelle cathédrale
Saint Nazaire et Saint Celse de taille magistrale.
Faisant un grand château, Trencavel le vicomte
transforme la ville en place-forte qui compte.
Mais se sont propagés les idéaux cathares,
il n’est déjà plus temps de jouer de la cithare.
L’armée des Croisés fait le siège de la ville
où tous vont résister, militaires et civils.
Aux mains de la France tombe le Carcassès
et les Dominicains affluent dans le Razès.
Au bord de la rivière un bourg neuf est fondé
et, pour tout fortifier, les fonds vont abonder.
S’installent garnison et sénéchal puissants.
Deux quartiers sont créés : St Michel, St Vincent.
C’est alors que démarre une rivalité
entre cette bastide et l’ancienne cité.
Le vieux pont est refait, douze arches le supportent.
La ville de Saint Louis entre ses quatre portes
se remplit de boutiques, d’offices et d’ateliers.
Sont fondés les couvents des Carmes et Cordeliers.
Fruits et légumes sont négociés Place aux herbes.
La Halle aux grains reçoit des céréales en gerbes.
Pour les draps le Roi crée une Manufacture,
la Ville s’enrichit de la viticulture.
L’ aqueduc de Pitot approvisionne en eau.
L’Hôtel-Dieu veut soigner aussi les huguenots.
Les riches construisent de splendides hôtels
De Rolland, Murat, Saix, Bourlat ou Besaucèle.
De Naurouze à la mer, un canal est creusé.
Des bastions sont gardés, les murailles rasées.
Guiraud Cals veille sur les chefs-d’œuvre en danger.
Un Musée des Beaux-Arts en ville est arrangé.
Le canal est dévié. La gare tient recette
car les chemins de fer relient Bordeaux à Sète.
Foncin, Fouillée, Delpech enseignent au Lycée.
Ourtal et Gamelin sont des peintres éclipsés.
Casimir Courtejaire agit en grand mécène.
Jean Alary fait place aux métiers de la scène.
Les arts, la culture trouvent enfin leurs quartiers.
Pour être à Carcassonne on vient du monde entier.
Vient de paraître
Recueil de 150 poèmes inédits
ES-C-AU - 0648 524404
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Par olivier Cébe
Historien de l'Art .
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Jean Esparbié - tel :0608999276
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Des vers qu’Olivier Cébe a d’abord revus en occitan, pour mieux nous les restituer en français dans la tradition du trobar ; célébrant à son tour de sa plume savante le fin amor, maître mot de l’Amour courtois… Sans omettre de nous livrer in fine son commentaire érudit.
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