Poèmes du mois de mai 2022
Mario FERRISI
Le vieil homme et la mer
La poussière s’est collée
Sur les mots, l’émotion
Elle couvre les pensées
Et les contradictions
Les routes utopiques
Les chemins de contrastes
Les légendes mythiques
Les rêves enthousiastes
Le vieux marin s’étiole
Au rythme des saisons
C’est ce qui le désole
Mais il n’a plus raison
Le vent ne viendra plus
Lui porter l’ascendant
Rien ne frissonne plus
Et ne vibre vraiment
Il a jeté ses ancres
Ses filets à caler
Ses vieux habits de cendre
Et ses palangriers
Son soleil s’est éteint
Le narguant dans l’obscur
Tout ne vient plus à point
Il n’y a plus qu’un mur
La mer a mis un voile
Au fond de sa paupière
Une ombre sans étoiles
Enrobant sa lumière
Le sel a tout rongé
Ses prunelles et ses ailes
Il n’est qu’un naufragé
Agitant sa crécelle
A l’âge où il respire
Où les lunes s’entassent
Son chant de vie chavire
Et ses aubes trépassent
Il sait qu’au firmament
Il faudra qu’il s’unisse
Oui mais en attendant
Il piaffe dans les coulisses
Les quatre-vingts flammèches
Qui cernent son ghetto
Sont autant de dépêches
Qu’il envoie sur les flots
Dans des bouteilles en verre
Pour dire qu’il est fin prêt
A reprendre la mer
Au grès des alizés
Comme il ne peut saisir
Ni l’ambre, ni le bleu pâle
Ni les tons chatoyants
Du kartz et de l’opale
Il rêve qu’un charitable
Viendra à son chevet
Dépoussiérer son âme
Et l’emmener voguer
Il reverra les chants
Oppressés des mouettes
Le cri des goélands
Derrière les goélettes
Il sentira la vague
Intraitable et sauvage
Puis se replongera
Au sein de son image
Guy PUJOL
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Un BASILIC Rue du Mirail
Au Moyen Âge à l’angle des rues des Augustins, du Mirail et Gratiolet se trouvait un puits,
Les habitants du quartier venaient quotidiennement y puiser l’eau avec leur seau,
Un jour, en lançant le sien, l’un d’eux entendit un bruit étrange au fond de l’eau,
En se penchant, l’homme vît deux yeux de reptiles et tomba raide mort au fond du puits.
Quelques habitants trop curieux périrent à leur tour d’un simple regard sur le rebord de la cavité,
Les villageois tentèrent en vain de déloger la bête, jusqu’à ce qu’un soldat fasse une miraculeuse arrivée,
Revenant d’Egypte, il annonça à la foule qu’il avait le secret pour terrasser le serpent du mouroir,
Il descendit dans l’antre de la bête avec une simple pièce de métal, polie comme un miroir.
Dès que la bête croisa son propre regard dans le miroir elle mourut sur le coup, terrassée,
La vie put reprendre son cours normal et la rue du puits fut renommée,
En souvenir de cet créature hybride, à tête de coq et à corps de serpent d’ailes affublé,
Du nom de Mirail, ce mot signifiant miroir en gascon, la rue fut baptisée.
La légende raconte que le basilic né d’un œuf de coq âgé entre sept et quatorze ans,
Est couvé par un crapaud sous l’étoile Sirius dans un particulier alignement,
Né du sang de la Gorgone, croiser son regard pétrifie sa victime immédiatement,
Lui faire entendre le chant du coq l’effraie, lui renvoyer son propre regard provoque son anéantissement.
Guy Pujol
Evelyne GENIQUE
J'assume
J'assume chacun de mes mots
J'écris ce qui me touche
Ce qui m'émeut
J'ai posé ma plume
A côte de l'encrier
Mes poèmes sont faits maison
Ils viennent de l'âme
Un poème est beau et pur
Composé de toutes mes émotions
C'est la musique des mots
Il me guide, me rassure
Me protège de l'ennui
Me fait vibrer
Il m'a fallu du temps
Et beaucoup de courage
J'assume
Jean ESPARBIE
L’ourson
L’ourson sur le trottoir juste devant la gare
Grognonne sans l’enfant disparu au milieu
Du va-et-vient des gens dont la terreur s’empare
À cause du malheur survenu en ce lieu.
On le heurte du pied. On salit son pelage.
On glisse sur du sang. On implore les cieux.
On pousse mille cris. On s’enfuit du carnage.
On échappe à la mort. On se protège au mieux.
On tremble qu’à nouveau quelques puissantes bombes
Viennent briser les corps des pauvres voyageurs
Du pays où le blé couvrira d’or les tombes
Dans la gloire et l’honneur des citoyens vengeurs.
Le gamin pleure-t-il dans les remous du drame
Le confident perdu au comble des horreurs
Qui ravagent la paix et piétinent la trame
D’une prospérité sans les envahisseurs ?
Souffre-il désormais d’importantes blessures
Dans un lit d’hôpital ou blotti sur les seins
D’un ange rédempteur quitte-t-il les morsures
D’un destin étranger à ses tendres desseins ?
Le lendemain matin on jeta du parterre
Tout ce qui rappelait le désastre odieux
Perpétré pour ronger les bonheurs d’une terre
Au nom d’un idéal à jamais furieux.
Du fond d’un trou profond, tel une simple ordure,
L’ours périra ici, transpercé par du fer,
Recouvert des gravats, avec la déchirure
Du petit entraîné dans l’indicible enfer.
Pascal ROUILLARD
Sérénade pour Carcassonne.
Du haut des Pyrénées descend la rivière Aude
qui vire pour couler vers la mer émeraude.
Non loin de ce virage un petit groupe d’hommes
établit à Carsac un nouvel oppidum.
Puis il se déplaça vers un talus pierreux
qui, dominant la plaine, est bien moins dangereux.
Arrivant de très loin, les Volques Tectosages,
envahissent les lieux et provoquent un brassage.
Carcassonne prospère avec la paix romaine.
L’axe qui de Narbonne à l’Aquitaine mène
prend toute sa valeur, et la ville devient
un site important pour les empereurs flaviens.
Menacés d’invasion par des peuples étrangers,
les Romains tentent de faire face au danger.
Autour de la cité, ils élèvent des murs,
lui constituant ainsi une solide armure.
Le fort bâti dans la Montagne d’Alaric
par le Seigneur des Goths n’est pas allégorique.
Après les Wisigoths viennent les Sarrasins
mais la ville perdure, assistée de voisins.
Carcassonne est choisie siège d’un évêché.
Saint Stapin, Saint Gimer sont là pour y prêcher.
Le vieux comte Roger, pour des raisons vitales,
s’établit dans les tours de la porte orientale.
La Cité construit la nouvelle cathédrale
Saint Nazaire et Saint Celse de taille magistrale.
Faisant un grand château, Trencavel le vicomte
transforme la ville en place-forte qui compte.
Mais se sont propagés les idéaux cathares,
il n’est déjà plus temps de jouer de la cithare.
L’armée des Croisés fait le siège de la ville
où tous vont résister, militaires et civils.
Aux mains de la France tombe le Carcassès
et les Dominicains affluent dans le Razès.
Au bord de la rivière un bourg neuf est fondé
et, pour tout fortifier, les fonds vont abonder.
S’installent garnison et sénéchal puissants.
Deux quartiers sont créés : St Michel, St Vincent.
C’est alors que démarre une rivalité
entre cette bastide et l’ancienne cité.
Le vieux pont est refait, douze arches le supportent.
La ville de Saint Louis entre ses quatre portes
se remplit de boutiques, d’offices et d’ateliers.
Sont fondés les couvents des Carmes et Cordeliers.
Fruits et légumes sont négociés Place aux herbes.
La Halle aux grains reçoit des céréales en gerbes.
Pour les draps le Roi crée une Manufacture,
la Ville s’enrichit de la viticulture.
L’ aqueduc de Pitot approvisionne en eau.
L’Hôtel-Dieu veut soigner aussi les huguenots.
Les riches construisent de splendides hôtels
De Rolland, Murat, Saix, Bourlat ou Besaucèle.
De Naurouze à la mer, un canal est creusé.
Des bastions sont gardés, les murailles rasées.
Guiraud Cals veille sur les chefs-d’œuvre en danger.
Un Musée des Beaux-Arts en ville est arrangé.
Le canal est dévié. La gare tient recette
car les chemins de fer relient Bordeaux à Sète.
Foncin, Fouillée, Delpech enseignent au Lycée.
Ourtal et Gamelin sont des peintres éclipsés.
Casimir Courtejaire agit en grand mécène.
Jean Alary fait place aux métiers de la scène.
Les arts, la culture trouvent enfin leurs quartiers.
Pour être à Carcassonne on vient du monde entier.
Vient de paraître
Recueil de 150 poèmes inédits
ES-C-AU - 0648 524404
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Par olivier Cébe
Historien de l'Art .
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Jean Esparbié - tel :0608999276
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Des vers qu’Olivier Cébe a d’abord revus en occitan, pour mieux nous les restituer en français dans la tradition du trobar ; célébrant à son tour de sa plume savante le fin amor, maître mot de l’Amour courtois… Sans omettre de nous livrer in fine son commentaire érudit.
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