Poèmes du mois de septembre 2021
Mario FERRISI
Slam au harki
Du pays, des oueds, toujours il nous parlait,
Des parents massacrés, de leurs âmes profanées
Des frères abandonnés, sur les quais, comme des chiens
Un génocide, remake… du massacre des indiens
Les bateaux de l’exil, la puanteur des cales
Les grands wagons hostiles, la spoliation morale
Ils étaient des milliers arborant leurs médailles
Remises par la France, sur les champs de bataille
Leurs livrets militaires avaient des citations
Ils n’eurent que souffrances et discriminations
Univers carcéral de Bias, de Bourg-Lastic
La honte de la France, l’irrévérence cynique !
Le suicide, la folie, prirent souvent le pas
Sur le renoncement, la résilience, le froid.
Aujourd’hui, c’est fini, un harki va mourir
Son fils est près de lui… pour son dernier soupir
C’est un jour de printemps, juste avant les bourgeons
Une page qui s’écroule ; la capitulation !
… Le fils saisit sa main et la serre doucement
Pour croiser son regard, un tout dernier instant
Il se penche sur lui et donne l’accolade
Juste encore pour sentir, son pauvre corps malade
Son regard de hardiesse garde tout son panache
Lui donnant la noblesse d’un grand, saint patriarche
Main dans la main, émus, ils sont restés longtemps
A dire l’hymne confus des sacrifiés d’avant
Le père, dans sa douleur, s’est agrippé encore
Son ultime vigueur envahissait son corps
Malgré cette fêlure intime du passé
Lui qui fut enchaîné de culpabilité
Dans un souffle, il lui dit, qu’il aimait bien la France
Qu’il délestait la charge d’un passé de souffrances
Le fils mit dans ses poches tous les mots paternels
Ressentis par les proches comme un don perpétuel
Ensuite il a fermé ses larmes dans sa tête
Pour verser son amour aux pieds de sa couchette
Puis sa lèvre a tremblé dans un ultime adieu
Et il s’est approché pour lui fermer les yeux.
Jean ESPARBIE
Avec quelques fleurs
Dans le froid hivernal, les belles violettes
Parfument dans le vent les gloires de l’hymnaire
Parcouru par des sœurs couvertes des voilettes
Pour cacher les reflets d’un feu imaginaire.
Au printemps un enfant cueille des pâquerettes
Qu’il offre à sa maman d’un air affectueux
Gardé en souvenir jusqu’aux sons des trompettes
À la porte des cieux voulus majestueux.
La couleur jaune d’or des splendides jonquilles
Complète le tableau que dans l’éternité
Le Vieux Peintre attentif compose à ses familles
Étrangères souvent à la solennité.
Le chant des travailleurs résonne dans ma tête
Le soir du Premier-Mai et je pense toujours
Au sang sur le muguet versé telle l’en-tête
Des récits du meilleur souhaité tous les jours.
La plume dans ma main écrira la sagesse
D’un iris du jardin dressé vers l’infini
Pareil au célébrant guidé d’une largesse
Remise assure-t-il par l’Esprit défini.
La fillette croyait pousser l’expérience
Du baiser sur le front posé à un garçon
Rouge coquelicot devant l’impatience
D’agrémenter encor cette douce leçon.
Des profondeurs du cœur l’arôme d’une rose
Grise les sentiments auréolés toujours
Depuis que dans tes yeux j’aperçus qu’une chose
Remplacerait enfin la fureur des amours.
À l’automne des ans chérir les chrysanthèmes
Me sert d’amusement si j’évoque la mort
Malgré mes sens troublés par certains anathèmes
Rabâchés a l’envi pour conjurer le sort.
Auguste ARMENGAUD
La Nuit
Nuit de suie
Je suis la nuit
J’essuie la pluie
Qui nuit
Sur la vitre de l’ennui
La lumière altière
Eclaire la chaumière
Un feu de bruyère
Régénère la fermière
En bas la sorcière
Incendiaire et cachotière
Prépare la théière doctrinaire.
Devant l’auvent mouvant
Souvent tournant
Les moulins à vent survivants
Enervent les contrevents du couvent.
L’aube dans sa robe
A la billebaude (en désordre)
Que dérobe
Sa nigaude marivaude
Echaude
La vieille ribaude
Qui échafaude
Des gorges-chaudes.
Il déchausse
Des hauts de chausses
Qu’il chausse
De bas de chausses.
Le conteur de mots ergoteurs
Est un usurpateur fricoteur
Et son éditeur un menteur.
Il est minuit
Sans bruit
La belle de nuit
Se désennuie.
Au loin
Allongés dans le foin
Les conjoints
Se mouillent le groin
Sans témoins.
Sous la lune brune
L’écume de la lagune
Parfume de sa rancune
La dune infortune.
Guy PUJOL
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Evelyne GENIQUE
Vieillir
Sans regarder l'heure,
Sans remord, sans regret,
Vieillir en beauté.
Ne pas pleurer
Sur ses souvenirs d'antan.
Être fière d'avoir les cheveux blancs,
Qu'importent les rides du visage.
Les matins ne sont pas
Tous les jours pareils,
Le temps sur nous
Ne s'arrêtera jamais.
Peur d'être seule, peur de l'échec.
Vieillir: mot à la fois terrible et doux.
Pimenter une vie de combat,
Surmonter les vagues du destin
Sur le fleuve de la vie,
Aux eaux tumultueuses:
Les années passent
Qui, sans cesse, tissent d'autres liens.
Comme un mirage errant,
Je flotte et je voyage.
LES SOCIETAIRES DE L'ACADEMIE DES ARTS ET DES SCIENCES ECRIVENT ET PUBLIENT
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Par André Mignot
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Mario Ferrisi - Recueil de 130 poèmes inédits
http://www.mario-ferrisi.fr/
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Le livre "Paysages réels & imaginaires" qui réunit les dessins de Julien Remy est enfin disponible. Celui-ci est en vente à la librairie Breithaupt du centre ville de Carcassonne.
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Des vers qu’Olivier Cébe a d’abord revus en occitan, pour mieux nous les restituer en français dans la tradition du trobar ; célébrant à son tour de sa plume savante le fin amor, maître mot de l’Amour courtois… Sans omettre de nous livrer in fine son commentaire érudit.
Contact par mail : andrieu-martial@wanadoo.fr
En vente à la librairie Breithaupt, la Maison de la presse et Mots et Cie- Carcassonne
Anne BRENON-GASC
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Petite Histoire de Carcassonne par Claude MARQUIE
Les personnes qui souhaiteraient acheter ce livre en période de confinement peuvent téléphoner à la librairie Breithaupt - tel: 04 68 47 12 24 par mail: librairie.breithaupt@wanadoo.fr - La librairie s’organisera au mieux pour le retrait de la commande. Ce livre est également en vente à la Maison de la Presse - tel 04 68 25 28 54. - Heures d’ouverture du lundi au samedi 7 h 45- 18 heures - Dimanche 8 heures 15----12 heures 15. |