Poèmes du mois de juin 2021
Mario FERRISI
À la plume..
Pourquoi, une fois de plus, suis-je là, au combat
Sevré de tout repos, nez à nez avec moi
Ce vieux démon secret, indiscret qui m’opprime
Je dois chercher le texte et puis trouver la rime
Qu’est-ce qui pousse ma main à libérer ma plume
Un voyage intérieur ? un credo d’amertume?
Ecrire un beau poème, un hymne pastoral
Des psaumes un peu bohèmes ou un conte amoral ?
A jeun depuis deux jours, c’est la faim qui m’assiège
Vrillant mon estomac et refermant le piège
Pourquoi écrire la vie, le vrai et son contraire
Le souci de la gloire est déplaisant, vulgaire
Je biffe et me rebiffe, sur ce cahier du temps
A quoi bon un Verlaine où suffit un Bruant
Je m’engage à l’exil, osant me résigner
Quand l’ouvrage fini, à ne pas le signer
Mon âme au son des mots est partie en campagne
Loin des guerres de bistrot, au pays de cocagne
Sans lâcher le flambeau, nous allons, elle et moi
Trouver le Dieu, le leurre et cacher notre émoi
Le porte-plume usé par les pleins, les déliés
Chante à la lune ocrée, calme et sérénité
Et depuis tant d'hivers, tant de retours constants
Il ordonne ma vie, la chute des instants
Pour engourdir ma fièvre et me guérir des doutes
Je relis à mi-voix, accroché à la route
Je contredis le mal, celui d’être et de vivre
J’attends que le passé revienne et m’en délivre
Dans la paisible ardeur, je relis mon passage
Deux heures de fureur, délire et bafouillage
L’encre hésite et se ronge, délivrant la rature
Puis le passé me plonge dans la page future
Mon désarroi ressemble assez à la détresse
Je sens bien à présent que ma fuite est traîtresse
Architecte infernal, je dois écrire « à suivre ! »
Il sombre un peu de moi, car ce soir je suis ivre...
***
Promenade
Quand je n’ai plus le cœur à combiner des choses
Que mon âme s’afflige, plutôt triste et morose
Je sors et je m’en vais sur les chemins de terre
Promener mon ennui et mon spleen solitaire
C'est un jour de prière, ou d’errance divine
Dans les layons déserts, l'éternité chemine
Temps d’oiseaux, de parfums, d’éclat et de soleil
Minutes éphémères à nulles autres pareilles
Le front serein penché vers les frondes fougères
Les yeux amourachés des lieux de Malepère
Je vais dans les sous-bois, sur des plans forestiers
Où apparaît parfois le pas du sanglier
Au milieu des futaies qui couvrent l’altitude
Où chantent à mon esprit de beaux rêves anciens
Dans le calme divin de la douce quiétude
Un petit écureuil m’accompagne en chemin
Sous la douce moiteur de la forêt mystique
J’écoute les ardeurs parvenant du hameau
Les sons autoritaires, d’apparence cosmique
Des cloches centenaires de l’église de Cailhau
Puis se montrent soudain, me faisant la surprise
Sur un vaste plateau, au plus haut du décor
Des genêts, doucement balancés par la brise
Qui se hâlent au soleil avec leurs boules d'or
Ces pépites sont fleuries de lumière et de soie
En doux flocons posés au bout des brins fluets
Et dont les lourds parfums me semblent arrivés
Des criques de Collioure où le soleil se noie
Les rumeurs des feuillus disent qu’il va pleuvoir
Tout tressaille et m’informe de la prochaine ondée
Appelant sa compagne d’un cri de désespoir
Comme moi, de l’orage, soupire un grand ramier
Laissons passer l’ondée , ô arbres solitaires
Laissons ces giboulées inonder notre terre
De l’averse qui passe renaissent tant de choses
Le bel astre sans eau ouvrirait-il les roses ?
Jean ESPARBIE
À la mer
Entre trois continents, l’immensité profonde
Me rappelle toujours l’œuvre d’historiens
Penchés sur un passé important dans le monde
Et souligné parfois par des musiciens.
L’apogée médiéval jusqu’au déclin moderne
Captivent les premiers tandis que les seconds,
Rêveurs devant les flots, pensent à Jules Verne
Dont les récits des mers se montrent si féconds.
Ces derniers verraient-ils surgir une sirène
Capable par un chant d’offrir sa passion
Tel un poison mortel à qui tente la scène
Du soupirant heureux sans faire attention ?
Le vent leur porte-t-il l’écho du dialogue
Entre Iseut et Tristan au fol amour fatal
Ou le souffle d’Arès dans le long monologue
Sur l’ennemi vaincu d’un sacré coup brutal ?
Allongé quelquefois en été sur le sable
J’observe les bateaux chargés des travailleurs
Honorés par Hugo, puis me remets la Fable
Pour Ulysse rusé contre les batailleurs.
A deux pas tout autour, grisés d’un sain tapage
Une meute d’enfants édifie des châteaux
Que le pape Innocent détruirait dans sa rage
D’y trouver des parfaits à brûler aux tréteaux.
J’admire les corps nus des nombreuses naïades
Et pense à Giraudoux avec douze beautés
Vêtues pour la nuit où quelques sérénades
D’énamourés toqués flattent d’autres côtés.
Du jour au lendemain un possible séisme
Ou l’effet désastreux du fort réchauffement
Causé durant des ans par nos faits d’incivisme
Nous anéantirait dans son ébranlement.
Ératosthène alors mesurerait la Terre
Dont Dante tracerait l’élan spirituel
Sauf à ce que saint Jean sonne l’ultime guerre
Du Créateur lassé du dégoût actuel.
Auguste ARMENGAUD
La Nuit
Nuit de suie
Je suis la nuit
J’essuie la pluie
Qui nuit
Sur la vitre de l’ennui
La lumière altière
Eclaire la chaumière
Un feu de bruyère
Régénère la fermière
En bas la sorcière
Incendiaire et cachotière
Prépare la théière doctrinaire.
Devant l’auvent mouvant
Souvent tournant
Les moulins à vent survivants
Enervent les contrevents du couvent.
L’aube dans sa robe
A la billebaude (en désordre)
Que dérobe
Sa nigaude marivaude
Echaude
La vieille ribaude
Qui échafaude
Des gorges-chaudes.
Il déchausse
Des hauts de chausses
Qu’il chausse
De bas de chausses.
Le conteur de mots ergoteurs
Est un usurpateur fricoteur
Et son éditeur un menteur.
Il est minuit
Sans bruit
La belle de nuit
Se désennuie.
Au loin
Allongés dans le foin
Les conjoints
Se mouillent le groin
Sans témoins.
Sous la lune brune
L’écume de la lagune
Parfume de sa rancune
La dune infortune.
Guy PUJOL
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Evelyne GENIQUE
Peindre la beauté.
Toute œuvre d'art nous entraîne vers la beauté,
La richesse et l'abondance des notes colorées sublimées,
À la lueur de la lune ronde aux tons bleuis.
Un tableau impressionniste rendu vivant par de multiples nuances
Met en valeur la nature, ses majestueux paysages
Et ses teintes folles, dans la lumière qui resplendit.
D'un coup, je sens courir un frisson d'or, de nacre et d'émeraude,
Une impulsion donnée aux mouvements et aux éléments,
Qui met en lumière la richesse et l'abondance des fonds,
Entre rigueur graphique et teintes improbables.
Les couleurs se disputent entre elles,
Les mots portent des couleurs vibrantes,
Même s'ils sont souvent nuancés de légèreté,
Des mots fleuris et parfumés,
Des mots aux couleurs d'espérance.
Qu'importe. Par la réalité je me laisse ravir,
Par le vent, le soleil, et le doux frémissement
Des parfums perlés de la brise, enivrantes fraîcheurs.
Mes yeux se ferment sous cette tendresse.
LES SOCIETAIRES DE L'ACADEMIE DES ARTS ET DES SCIENCES ECRIVENT ET PUBLIENT
Des vers qu’Olivier Cébe a d’abord revus en occitan, pour mieux nous les restituer en français dans la tradition du trobar ; célébrant à son tour de sa plume savante le fin amor, maître mot de l’Amour courtois… Sans omettre de nous livrer in fine son commentaire érudit.
Contact par mail : andrieu-martial@wanadoo.fr
En vente à la librairie Breithaupt, la Maison de la presse et Mots et Cie- Carcassonne
Anne BRENON-GASC
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Petite Histoire de Carcassonne par Claude MARQUIE
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