Poèmes du mois d'avril 2021
Jean ESPARBIE
À la mer
Entre trois continents, l’immensité profonde
Me rappelle toujours l’œuvre d’historiens
Penchés sur un passé important dans le monde
Et souligné parfois par des musiciens.
L’apogée médiéval jusqu’au déclin moderne
Captivent les premiers tandis que les seconds,
Rêveurs devant les flots, pensent à Jules Verne
Dont les récits des mers se montrent si féconds.
Ces derniers verraient-ils surgir une sirène
Capable par un chant d’offrir sa passion
Tel un poison mortel à qui tente la scène
Du soupirant heureux sans faire attention ?
Le vent leur porte-t-il l’écho du dialogue
Entre Iseut et Tristan au fol amour fatal
Ou le souffle d’Arès dans le long monologue
Sur l’ennemi vaincu d’un sacré coup brutal ?
Allongé quelquefois en été sur le sable
J’observe les bateaux chargés des travailleurs
Honorés par Hugo, puis me remets la Fable
Pour Ulysse rusé contre les batailleurs.
A deux pas tout autour, grisés d’un sain tapage
Une meute d’enfants édifie des châteaux
Que le pape Innocent détruirait dans sa rage
D’y trouver des parfaits à brûler aux tréteaux.
J’admire les corps nus des nombreuses naïades
Et pense à Giraudoux avec douze beautés
Vêtues pour la nuit où quelques sérénades
D’énamourés toqués flattent d’autres côtés.
Du jour au lendemain un possible séisme
Ou l’effet désastreux du fort réchauffement
Causé durant des ans par nos faits d’incivisme
Nous anéantirait dans son ébranlement.
Ératosthène alors mesurerait la Terre
Dont Dante tracerait l’élan spirituel
Sauf à ce que saint Jean sonne l’ultime guerre
Du Créateur lassé du dégoût actuel.
Mario FERRISI
Soleil rouge
A l'Occident décline le soleil fabuleux
Allumant dans la plaine son dernier incendie
Agitation d'azur, embrasement radieux
Tel un baiser vermeil donné à l'infini...
Quelque clochers scintillent sous le flux enflammé
La nappe rouge et vierge à l'horizon d'hiver
Démasque quelques ombres de replis dérobés
Le soir, dans un instant, aura tout recouvert
Tout prés du clocher vert, l'acacia s'assoupit
Les ramiers frémissant gîtent dans les fissures
Des murailles fanées et des toits engourdis
Qui demain, dans le jour, changeront de parure...
Le miracle accompli a éteint son foyer
Laissant des âmes émues charmées par la nature
Elles bénissent le sort, la splendeur de l'effet
Et cette main divine qui crée tant de luxure...
***
Le beau tilleul
Autour, c'est plein de vignes, des prés, un grand figuier
Plus loin un rideau d'arbres, des amandiers en fleurs
Le ru est rempli d'herbes, d'orties, tordues, frisées
Les joncs et les roseaux assiègent un saule pleureur
Sous les feuilles et les mousses, bouillonne un flot de terre
Sous les grands dômes d'ombre, naissent, tout énervées
Des pâquerettes douces enchâssées dans les pierres
Qui bordent les jonquilles et leurs crêtes dorées
Derrière la morne plaine, loin du réveil des blés
Aux abords des ronciers, des genêts ou des haies
Les chiens aux pieds brûlants, aux reins arque boutés
Roquets à gorge aiguë, cernent le sanglier
Lui, cherche à retrouver son ciel et son étoile
Raccommoder son corps et hisser la grand-voile
L'homme l'avait amputé, il y avait eu outrage
L'homme l'avait fait plier, tomber de son nuage
Le baume est revenu, c'est bien son jour de chance
Dedans, même les oiseaux, s'y sont remis d'avance
Et sous ses beaux ramages qui gardent des vents fous
On louera Aphrodite en pliant le genou
Auguste ARMENGAUD
La Nuit
Nuit de suie
Je suis la nuit
J’essuie la pluie
Qui nuit
Sur la vitre de l’ennui
La lumière altière
Eclaire la chaumière
Un feu de bruyère
Régénère la fermière
En bas la sorcière
Incendiaire et cachotière
Prépare la théière doctrinaire.
Devant l’auvent mouvant
Souvent tournant
Les moulins à vent survivants
Enervent les contrevents du couvent.
L’aube dans sa robe
A la billebaude (en désordre)
Que dérobe
Sa nigaude marivaude
Echaude
La vieille ribaude
Qui échafaude
Des gorges-chaudes.
Il déchausse
Des hauts de chausses
Qu’il chausse
De bas de chausses.
Le conteur de mots ergoteurs
Est un usurpateur fricoteur
Et son éditeur un menteur.
Il est minuit
Sans bruit
La belle de nuit
Se désennuie.
Au loin
Allongés dans le foin
Les conjoints
Se mouillent le groin
Sans témoins.
Sous la lune brune
L’écume de la lagune
Parfume de sa rancune
La dune infortune.
Guy PUJOL
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Evelyne GENIQUE
Les mots
Mots tendres qui s'égarent;
Mots mouvants, souvent émouvants,
Mots anodins, qui semblent courir
Au-delà des monts et montagnes...
Mots bizarres, juste pour rire;
Mots qui font vivre, qui sont puissants;
Mots gentils, qui soufflent des histoires
Mots hardis, timides, murmurés,
Revêtus de douceur.
Le mot confiance, le mot liberté,
Les mots pour consoler, les mots pour l'amitié,
Des mots qui se dressent, des mots fous,
Des mots pour éclairer le chemin.
Des mots qui s'amoncellent, se pavanent,
Se balancent et se trémoussent.
La plume s'étire sur la page.
J'embellis la feuille de mes ébauches,
De mots pour l'infini,
De mots pour nos frissons.
Je suis ainsi avec les mots,
Ils vont au gré de mes pulsions.
LES SOCIETAIRES DE L'ACADEMIE DES ARTS ET DES SCIENCES ECRIVENT ET PUBLIENT
Des vers qu’Olivier Cébe a d’abord revus en occitan, pour mieux nous les restituer en français dans la tradition du trobar ; célébrant à son tour de sa plume savante le fin amor, maître mot de l’Amour courtois… Sans omettre de nous livrer in fine son commentaire érudit.
Contact par mail : andrieu-martial@wanadoo.fr
En vente à la librairie Breithaupt, la Maison de la presse et Mots et Cie- Carcassonne
Anne BRENON-GASC
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Petite Histoire de Carcassonne par Claude MARQUIE
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