Poèmes du mois d'avril 2021
Mario FERRISI
Le cabanon d'Alger
Sur la toile cirée aux dessins ouvragés
La tablée estivale se jonchait de merveilles
Les gerbes de crevettes toisaient d’épais rougets
Un festin s’exaltait, parsemé de bouteilles
Lorsque le vin mettait du feu dans les prunelles
Lorsque les mots fusaient, pressés par un bon cru
La gourmande mêlée s’agitait de plus belle
Tous les sens en éveil et l’appétit en rut
Et les palais émus, parés de foi naïve
Chancelants de bonheur devant cette vitrine
Goûtaient une anchoïade sublimée par l’olive
Et quelques crustacés à la saveur marine
Quelques huîtres volages aimaient à nous séduire
Narguant les gros oursins aux épines mouvantes
Elles savaient nous combler par leur charmant sourire
Noyé dans la saveur d’une fête galante
Dans ce vaste froufrou de décapodes roses
Où les citrons snobaient les praires et les clovisses
Le transistor rythmait les slows d’un virtuose
Blue moon of Kentucky, Love me tender d’Elvis
Dans une sorte d’aise et de ferveur mystique
La tablée estivale succombait de bonheur
Pourtant dans la lumière, une onde dramatique
S’apprêtait à briser nos rêves et nos cœurs…
***
Guyotville
Elle joue du piano en silence
Ses notes voltigent sur son exil
Elle revit son adolescence
Dans les ruelles de Guyotville
Entre les murs de sa grisaille
Elle relit Roy, Albert Camus
C’est Tipaza qui la tenaille,
C’est l’étranger qui la remue
Elle sort en ville un peu par force
Elle a peur des flics, des voyous
Elle dit qu’elle peut faire une entorse
Pour voir la mer, un point c’est tout
Le front collé contre la vitre
De son taxi, celui d’Enzo
Elle éternise sa visite
Et sèche une larme incognito
Elle dit qu' elle a perdu son âme
Parmi les fleurs du square Bresson
Elle prie souvent sa « Notre-Dame »
Celle de l’Afrique, de sa maison
Depuis, elle est partie ailleurs
Un peu contrainte, un peu soumise
Elle n’a jamais montré ses pleurs
C’est en dedans qu’elle cicatrise
Elle est ailleurs, elle est nulle part
Toute en mesure, toute en sagesse
Du côté cœur, elle s’aventure
Sans que rien soit où n’y paraisse
Elle vit sa vie au ralenti
Elle se contente des joies d’ici
Elle a toujours un air docile
Mais dans ses yeux... c’est Guyotville
Sur le piano de sa misère
Elle voit son père, sa sœur Marie
Les trois portraits, avec sa mère
Qui sont en terre… en Algérie.
Auguste ARMENGAUD
La Nuit
Nuit de suie
Je suis la nuit
J’essuie la pluie
Qui nuit
Sur la vitre de l’ennui
La lumière altière
Eclaire la chaumière
Un feu de bruyère
Régénère la fermière
En bas la sorcière
Incendiaire et cachotière
Prépare la théière doctrinaire.
Devant l’auvent mouvant
Souvent tournant
Les moulins à vent survivants
Enervent les contrevents du couvent.
L’aube dans sa robe
A la billebaude (en désordre)
Que dérobe
Sa nigaude marivaude
Echaude
La vieille ribaude
Qui échafaude
Des gorges-chaudes.
Il déchausse
Des hauts de chausses
Qu’il chausse
De bas de chausses.
Le conteur de mots ergoteurs
Est un usurpateur fricoteur
Et son éditeur un menteur.
Il est minuit
Sans bruit
La belle de nuit
Se désennuie.
Au loin
Allongés dans le foin
Les conjoints
Se mouillent le groin
Sans témoins.
Sous la lune brune
L’écume de la lagune
Parfume de sa rancune
La dune infortune.
Guy PUJOL
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Evelyne GENIQUE
La brume
C'est l'heure exquise et matinale
Voici la fraîcheur de l'aube
Je marche sur le chemin
La brume étreint,
Envahit les plaines,
Les champs endormis.
Un voile léger est venu,
Ce matin, se poser sur l'étang.
Glissent lentement
Les cygnes aux ailes blanches
Une brise légère fait danser les roseaux
Les jardins, le matin, ruissellent de gouttes.
Voilà que j'entends le chant des oiseaux.
Le soleil transperce le voile gris
La fraîcheur m'envahit
La rosée se dépose petit à petit sur l'herbe
Moi je reste là à contempler
LES SOCIETAIRES DE L'ACADEMIE DES ARTS ET DES SCIENCES ECRIVENT ET PUBLIENT
Des vers qu’Olivier Cébe a d’abord revus en occitan, pour mieux nous les restituer en français dans la tradition du trobar ; célébrant à son tour de sa plume savante le fin amor, maître mot de l’Amour courtois… Sans omettre de nous livrer in fine son commentaire érudit.
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En vente à la librairie Breithaupt, la Maison de la presse et Mots et Cie- Carcassonne
Anne BRENON-GASC
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Petite Histoire de Carcassonne par Claude MARQUIE
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