Jean ESPARBIE
Désirs
À l’automne des ans, lorsque murmure l’âme
Comme une source au bois, je laisse dans le cœur
Se remplir le besoin d’entretenir la flamme
Dans laquelle les vers éclairent ma rancœur.
Me pardonnera-t-on d’abandonner la plume
À la danse des sens dans cette infinité
Des désirs dont le fond ornerait un volume
À méditer parfois pour notre humanité ?
Je voudrais voir Vénus, l’admirable déesse,
S’éprendre des tueurs élus ou dictateurs
Et les résoudre enfin d’une immense tendresse
À cesser leurs conflits toujours dévastateurs.
Je croiserais les doigts afin qu’une justice
Donne à tout un chacun dans l’aisance des temps
Les bouquets du bonheur à combler l’édifice
Confié à nos soins voici déjà longtemps.
Je souhaiterais aussi l’heureuse délivrance
Des victimes du mal introduit par Satan
Sur le cheval des vents avec en main la lance
Louée à l’unisson dès les hommes d’antan.
Je regarderais bien scintiller les étoiles
Dans les yeux des enfants nul doute épanouis
Éduqués et compris sous le couvert des voiles
Ajustés par l’amour des parents éblouis.
Je toucherais les fronts sillonnés des crevasses
D’orages violents aux caprices des cieux
Du printemps à l’hiver et dans ces guerres lasses
Qui précèdent pourtant un fait mystérieux.
J’appellerais à nous Cérès, Faunus, Diane…
Car la nature meurt d’affreux comportements
Perpétrés à l’envi dans l’abri des lianes
D’un progrès rendu fou par trop d’emballements.
Les verbes conjugués à la forme modale
Du conditionnel prouvent visiblement
L’impossibilité dans l’existence pâle
D’accéder à mes vœux, d’où un fort tremblement.
Mario FERRISI
C’est ainsi
Un air d’harmonica qui diffuse sa plainte,
Qui sur fond de banjo offre un bout de son cœur
Le jazz de Galliano qui pousse sa complainte
La guitare érigée qui me crie sa fureur
Ce plaisir sous mes yeux lorsque ma main chamboule
Les couleurs d’un tableau d’un monde qui s’écroule
Les formes que je trace, des tortures, un émoi
A quoi bon le nier ? tout ceci, c’est bien moi !
Ces fables que j’écris comme on fait une esclandre
Ces livres interdits que l’on n’ose pas vendre
Ces idées farfelues, ces délires enchantés
Ces révoltes exquises et ces demeures hantées
Ces hommes qui cheminent et qui tuent mes romans
Ces femmes qui dominent et qui tuent mes écrans
Ces armes qui s’affûtent au fond de mon jardin
Ces larmes qui chahutent et brouillent mon destin
Et toujours la musique qui sacre ma journée
Et toujours le soupir d’un pinceau carminé
Et toujours la nature éphémère, éternelle
Dont le charme invincible m’emporte et m’interpelle
Ce sont là mes frissons étranges et infinis
Ces gros maux incurables, dits en catimini
Des mots que je transcende en sublimant l’orage
Des flots de poésie qui submergent ma rage
***
Chemins
J’ai mes chemins au bord des routes
Qui partent en vrille vers l’horizon
J’ai mes voyages sans autoroutes
A contre vents, hors des saisons
Je n’ai pas les mêmes couloirs
La même fréquence, les mêmes médias
Je vais à d’autres abreuvoirs
Et abhorre l’intelligentsia
J’aime le hasard, les courants d’air
Les bas-côtés, les nombres impairs
J’aime les idées qui font du bruit
Et le silence qui me construit
J’ai mes croisières sans grands bateaux
Et mes chimères qui flottent sur l’eau
Aux vents contraires, au foc, au spi
Je vogue avec mes utopies
Pendant que d’autres se démènent
A planifier vos existences
Je vis comme un aborigène
Eloigné de leur influence
Mes verres sont emplis de vieux rouge
Celui qui fouette mon sang
Qui me transporte ou qui me bouge
Et m’attribue l’air d’un ruffian
Au son de mes soupirs d’aise
Que votre écho, jaloux, répète
Vous allez, filer à l’anglaise
Discrets, sans tambour ni trompette
Claude SUBREVILLE
Mon tout petit puits…
C’est mon tout petit puits
Sans une goutte d’eau
Sinon de l’eau de pluie
Quand il ne fait pas beau..
Le vent a emporté
Ses morceaux de toiture,
Les années ont maté
Sa modeste posture.
Je l’ai pris avec moi
Avec délicatesse,
Je lui ai refait le toit,
Pour cacher sa vieillesse.
Nouvelle manivelle
J’ai fabriqué encor
Ce ne sera plus celle
Qui était son décor..
J’ai tout consolidé
Pour qu’il soit bien en place,
Au pinceau l’ai traité
Pour le rendre vivace…
C’est mon tout petit puits
Si des fois il y a de l’eau
C’est celle de la pluie,
Celle qui vient d’en haut !
Guy PUJOL
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Evelyne GENIQUE
À bicyclette
Par les chemins et sentiers
Je goûte au silence du matin.
À respirer l'air frais, je longe les vignes.
Ici commence la liberté.
Boutons d'or et pâquerettes
Virevoltent avec fraîcheur
À la rencontre des hirondelles
Une jolie balade à vélo, avec les fleurs
Qui me saluent du haut des talus !
Je vois les tracteurs labourer la terre,
J'entends les oiseaux gazouiller,
Abeilles et papillons virevoltent.
J'arrive au hameau
La douce brise me caresse le visage
Mes cheveux volent au vent.
On ne peut que tomber sous le charme
De ce hameau idyllique
Avec ses roses trémières.
Rien de tel qu'enfourcher un vélo
Et se laisser porter…
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