Auguste ARMENGAUD
Ceux de Tournefeuille
A l’heure crépusculaire
Ils arrivent de Tournefeuille,
Le platane séculaire
Les rassemble sous ses feuilles
Dès la tiédeur de la nuit
Avant d’aller au lit.
Dans un murmure joyeux
Elles attirent les vieux
Au fil du temps glanées
Les nouvelles de la journée.
Janòt est malade
Elise s’est coupé le doigt
Le charron bat sa femme
Il fait très bon ce soir.
Léon se fait avec Fine
Nine n’est qu’une coquine
Et patati, et cetera
C’est ainsi le soir durant
Que s’égrène le sablier du temps.
Toinette revient du jardin
Elle s’arrête au chant d’Urbain
Qui déchaine les éclats
Zélie rit sans savoir de quoi
Le gros Alban est silencieux
Les femmes le trouvent trop vieux
Tiens, il dort déjà !
Il en est ainsi du soir durant
Quand défile le rouet du temps.
Le ciel était rouge
Que plus rien ne bouge
Pluie n’est pas demain.
Minuit sonné
Ils vont se coucher
D’un pas serein.
Ainsi l’été durant
Les soirs se lassent
A prendre le temps
Que les vieux passent
A dire souvent
Des presque riens
Un peu de bien
Avec leur banc.
Près de l’arbre séculaire
Ceux de Tournefeuille
Dorment dans la nuit stellaire
A l’heure du rossignol chantant.
Mario FERRISI
La bouteille à l'amer
Elle a livré son âme, ses rêves et sa détresse
Affiché sans ambages le spectre de sa vie
Elle a rempli la page de maux que l'on confesse
A ce destin cruel, à ses printemps flétris
Elle a vu s'éloigner la belle image blanche
Largement étalée des monts jusqu'à la mer
Inoubliable dame en habit du dimanche
Qui gravait sa mémoire de souvenirs amers
Elle glissa doucement le pli dans l'émissaire
Puis en fermant les yeux, elle le jeta aux flots
Théâtral à souhait, jouant l'avant première
Il s'en alla flotter sur la fureur des eaux
Elle avait dit adieu au ciel de son enfance
Du pont du Kairouan qui s'écartait du quai
Elle avait mis des mots pour sermonner la France
Des phrases de désarroi, sa brouille avec Alger
A présent, l'ombre gagne, elle dit Ainsi soit-il
Elle sait que c'est ailleurs qu'ira battre son cœur
Elle n'a même plus de larmes pour noyer son exil
Elle suivra son étoile... avide de bonheur
***
Equinoxe
Quand l'Autan vient huer l'épillet du roseau
Quand la roche veut braver la foudre et les tonnerres
Quand le ciel flamboyant s'abandonne en lambeaux
Que l'abeille harassée abolit l'ouvrière
Quand l'air vient dérober les galantes arômes
Là où s'enflent et s'installent les fatales fumées
Quand l'espace embrasé, émouvant se déforme
Comme le flot furieux sur une mer agitée
Quand au déclin rougit la morose feuillée
Brûlée de l'intérieur, suspendue interdite
Quand le soleil grincheux ne veut plus festoyer
Qu'il corrompt à l'envie les autres satellites
Je vois poindre au lointain une métamorphose
Après le crépuscule, une aube novatrice
Apprêtant les consciences, couvrant toutes les choses
Initiation nouvelle, sublime et fondatrice
Jean ESPARBIE
Tel berger et son troupeau
Je me souviens encor que pour Michel Maurette
Un bien « mauvais berger » conduisit son troupeau
Vers un sombre destin où la société jette
Sans cesse des malheurs sous couvert d’un drapeau.
L’écrivain-paysan, dans une longue lettre,
Me désigna ainsi l’Adolf Hitler sans cœur
Qui sema la terreur en tout lieu pour soumettre
Notre pays trahi au diktat du vainqueur.
Honneur et gloire à ceux qui dans la Résistance
Chassèrent l’ennemi pour nous offrir les fleurs
Du bonheur d’une paix dont la douce constance
Dépendra des efforts à sécher tous nos pleurs.
Ici ou là souvent, des « moutons » dans le monde
Souffrent des « gardiens » fous d’une cruauté
Semblable au demeurant au mal que Satan fonde
Si on le laisse agir pour noircir la beauté.
« Bêtes » des prés herbus évitons le supplice
Des « éleveurs » maudits dont les emportements
Nous précipiteraient au fond du précipice
Dans lequel périraient les purs enchantements.
Claude SUBREVILLE
Pexiora… mon Eglise….
Revoyant PEXIORA,
Filant sur l’autoroute,
« C’est là que tu iras
Dis-je, sans aucun doute »
Tu étais « Puysubran »
Vers le douzième siècle
Et restait le garant
De ces êtres espiègles.
Je regarde l’Eglise
Son air majestueux
Rien à voir avec Pise
Elle va droit vers les cieux…
Cœur des Hospitaliers
Elle devint à l’époque,
Un havre de bienfaits
Rien qui ne soit baroque.
Devant ce monument
Qui devant moi, s’élève,
Je m’arrête un moment
Et tout à coup, je rêve….
Sur tes fonts baptismaux,
Je reçus le baptême...
Je criais fort, car l’eau
Me brouillait le système…
Plus tard et dans l’action,
Je dus porter la croix
C’était la procession,
Un autre acte de foi…
Les rues étaient en fleurs
Sur le sol, les pétales
Donnaient de la couleur
Au dessous des sandales…
Rares étaient les loisirs
Soixante ans en arrière
A croire que le plaisir
Etait fait de prières…
Ainsi l’Abbé Tardieu,
Curé de la paroisse
Récupérait nos œufs
Au soir de la « ramasse »…
Certains étaient absents,
Nous les avions gobés…
D’autres tout simplement
Sur nous étaient tombés…
Les cloches, c’était nous
Et nous faisions du bruit
Rome nous avait pris
Ce son… on était fous !!!!
Voilà en quelques mots
Ce que je voulais dire…
Souvenir de marmot
Espérant vous séduire….
Evelyne GENIQUE
L'invisible lien
Je touche l'artère invisible
Ce lien de soie qui nous relie
C'est un nouvel espoir... un instant sacré.
Ce monde invisible, qui éveille
Quelque chose de délicat, poétique, spirituel.
Mes doigts effeuillent l'insaisissable,
Là où enfin le cœur bascule, à l'infini.
Voilà que je regarde dans la vallée profonde,
Où reposent les vestiges des songes.
Je reviens sur mes pas vers l'abîme enfantin.
Il est bon de franchir chaque jour une étape,
Pour aller aussi loin que l'horizon.
Guy PUJOL
Balades poétiques
https://bienvenue-chez-ariejoie.fr/ballades-poetiques-1.html
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