Auguste ARMENGAUD
Veterans Memorial
Noire et blanche
Deux petites mosaïques
Tombées d’un mur newyorkais
Une noire à la forme carrée et polie
L’autre blanche à la ligne abolie.
Deux mosaïques serrées dans ma main
Qui crissent quand on les presse fort
Contre les parois de l’oubli.
Noire et blanche comme yeux mêlés
Qui cherchent dans le regard de l’autre
L’obole du chemin délaissé
Ou la compassion de l’envie
Riens d’un tout au milieu des klaxons
L’indifférence tue l’air que l’on respire.
Deux petites mosaïques coloriées,
Prêtes à marier,
Qui sautent dans la main de l’enfant
A qui je viens de donner en souriant
Le geste d’un peu de joie déjà tari.
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Mario FERRISI
Oasis
J'ai chaviré un jour au tréfonds du désert
Au beau sable nacré qui enrobait les dunes
Une lumineuse épure oscillant dans les airs
Un univers sans eau fustigé par Neptune
La tâche s'ouvrit au loin telle une carie grisée
Coupée d'ombres indigo branlant en contre-jour
Tel un théatre antique en murets chiffonnés
Sous un ciel juvénile, obséquieux, sans contours
Des masses de verdure prises dans l'entassement
Demeuraient souveraines comme un jardin royal
Mordant sur la pierraille, par endroit débordant
Foliation scintillante d'un faste végétal
C'était un pittoresque éthéré singulier
Auquel mon romantisme attache tant de prix
Un ilôt dans l'azur qui clamait sa beauté
Posé en mer de sable comme un écrin exquis
Tout était savoureux à l'oeil et à l'esprit
Dans ce havre sauvage parsemé de verdure
Se dégageaient soudain des sublimes gourbis
Quelques paumes cordiales, cuivrées par le henné …
***
Jean FOURIE
Agait
Les cimèls lupan le cèl
E s'eirissan tan naut
Que semblan s'enfonsar
Dins la neblor sens fin.
Nuditat enrocassida
Coma de mans brandidas
Cap un esper negat.
Penjals verdessejants
Ont la flor mirgalhada
Punteja son uèlh blau
Al mormolh del solelh.
Orizont milenàri
Escalprat pels gigants,
Corona fendesclada
D'un dieu despoderat.
Puntas ascladas pel vent
Arbres agrumelats
Cridant lor solitud
Jolh cridalhis ponchut
De las aglas etèrnas
Que pòblan le neient
De nòstras somiadissas.
Cap de senda, ni dralha, ni caminòl
Sola la beltat minerala
Que nos enfachina e nos buta.
La clartat s'apasima
Las montanhas s'enegrissan de nuèit
Amudidas pel silenci del espàci.
Trescòla le jorn
Coma un oblit perdut
Naissan les pantais...
Traduction
Les sommets lèchent le ciel
Et se dressent si haut
Qu'ils semblent s'enfonser
Dans une brume sans fin.
Nudité peuplée de roches
Comme des mains brandies
Vers un espoir noyé.
Pentes verdissantes
Où la fleur parsemée
Pointe son œil bleu
Au murmure du soleil.
Horizon millénaire
Scupté par des géants
Couronne fracassée
D'un dieu désespéré.
Pointes taillées par le vent
Arbres regroupés
Criant leur solitude
Sous les cris popintus
Des aigles éternels
Qui peuplent le néant
De nos sommes éveillés.
Pas de sente, ni trace, ni bout de chemin
Seule la beauté minérale
Qui nous fascine et nous pousse.
La clarté s'apaise
Les montagnes prennent le gris de la nuit
Rendues muettes par le silence de l'espace.
Le jour s'achemine vers le crépuscule
Comme un oubli perdu
Naissent les rêves...
***
Jean ESPARBIE
Le promeneur solitaire
à Alain CLASTRES
La ville aux deux blasons qui résument l’histoire
Comporte maints secrets pour chaque faubourien
Entre la royauté et l’Agneau par sa gloire
Cependant dans le fond tout ceci ne fait rien.
Gaulois avant Romains, les menaces barbares,
Le seigneur Trencavel écarté par Montfort,
L’épisode sanglant du drame des cathares,
Saint Louis et le bourg rendent le passé fort.
Le feu du Prince Noir ravagea La Bastide
Refaite avec ardeur, tandis qu’à la Cité
Quelques siècles plus tard le génie intrépide
D’un Violet-le-Duc ravit l’humanité.
La vérité des ans se mêle à la légende
À l’abri des remparts jusque dans les quartiers
Et qu’un audacieux s’il le désire entende
Les récits dans les vents hélas ! souvent altiers.
Le promeneur s’en va, toujours bien solitaire,
Aujourd’hui par ici, ailleurs le lendemain,
Le fardeau des tracas qu’il préfère mieux taire
Caché dans son esprit tel un rite romain.
Le pont-levis franchi, la porte Narbonnaise
S’ouvre sur des trésors à ses yeux captivants
Et il aime écouter la voix carcassonnaise
Du cers ou du marin les conter aux vivants.
À pas lents il parcourt les berges du fleuve Aude,
Pense aux lointains amours noyés dans les flots gris
Alors que des enfants s’effraient d’une maraude
Assise contre un tronc, insensible à leurs cris.
À la place Carnot, il fixe la fontaine,
Dont la sculpture plut paraît-il à Stendal,
Puis saisit un vendeur chanter une fredaine,
Comme un vieux troubadour derrière l’étal.
Du boulevard Barbès, chantre démocratique,
Il revoit les moments des dures actions
Du peuple mécontent si une politique
Négligeait le bon sens par ses intentions.
Il sourit à l’agent devant la préfecture
Où quelquefois hardi face à l’autorité
Il défendit des cas d’après l’investiture
Qu’il tenait des amis à l’unanimité.
Dans le palais obscur, il trancha la justice
Du monde du travail divisé méchamment
Par des conflits sans fin ou espoir d’armistice
D’où la nécessité d’un sage jugement.
Au portail du Bastion, le sérieux collège,
Lui viennent les portraits d’éminents enseignants
Parfois mal obéis, malheureux sacrilège
Puni lors des devoirs qu’il trouvait contraignants.
Au canal du Midi, admiré des touristes,
Il loue comment Riquet avec acharnement
Sut convaincre le roi des tâches futuristes
Pour relier les mers dans un enchantement.
Il observe longtemps dans l’édifice sombre
Les anges sur l’autel pour implorer enfin
Qu’ils chassent du destin la moindre zone d’ombre
Des sujets épuisés par l’éternelle faim.
Il ose traverser la sordide venelle
Où des mâles la nuit fréquentaient la maison
Du délice des corps – ignoble bagatelle
Consommée en ce lieu sans rime ni raison.
Il s’en veut du présent et des pleurs sur la Terre
À cause des excès commis par les humains
Dans le tourbillon fou d’une incessante guerre
Pour l’horreur du Malin qui se frotte les mains.
Il ressent les bienfaits d’une musique douce
Jouée à l’unisson sous la voûte des cieux
Par les seuls militants que la sagesse pousse
À fleurir autour d’eux des printemps précieux.
Là-bas vers l’horizon, il aperçoit la ligne
Qu’il touchera un jour sans jamais revenir
Aux balades d’antan puisqu’il suivra le signe
Découvert au zénith pour un autre avenir.
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Claude SUBREVILLE
ANTOINE et le SOMAIL
J’ai connu le SOMAIL
Le musée du « chapeau »
Antoine et son sérail
Un site riche et beau
.La petite chapelle
Qui est au bord du canal,
Pour sa fille fut celle
Du lien matrimonial.
Que de soirées passées
Tous à faire la fête,
Les chapeaux, les bérets
Ornaient toutes nos têtes.
Tu étais de notre âge
Et de la même année
Nous voir dans les parages,
Tu nous aurais menés.
Avec ton air coquin
Tu aurais fait l’histoire
De ce chapeau malin
Qui est sur notre poire.
Nous arrivons trop tard
La porte est refermée
Je suis triste ce soir
Il n’y a plus de musée.
C’est une belle histoire
Que nous avons vécue
Antoine, j’ose croire
Qu’ils t’auront bien reçu.
Dieu que j’aurais aimé
Que tu sois de la fête
Tu aurais vu les 3 B,
les chapeaux sur la tête.
Aux Amis de la 46/3B
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Evelyne GENIQUE
La différence
Chaque être a droit à la différence,
Cela a certainement une importance,
Pour notre destinée …
Au détour des chemins,
Pourquoi tous ces regards posés sur moi ?
Pourquoi suis-je tellement montrée du doigt !
Mais quelle différence ?
Celle qui dérange !
Pourquoi devons-nous nous cacher ?
Pourquoi n'avons-nous pas le droit de nous aimer ?
Certaines fois j'aimerais entrer dans ton esprit,
J'y ressens beaucoup de tristesse,
À subir les injustices, les moqueries,
Il y a quelque part juste une différence…
Une fille qui aime une fille,
Un garçon qui aime un garçon,
Et alors !
Ce n'est pas un choix que l'on fait ;
C'est juste moi...
En quoi est-ce gênant ?
Qui êtes-vous pour juger ?
Quelle pauvreté d'esprit que de faire des différences !
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Guy PUJOL
Balades poétiques
https://bienvenue-chez-ariejoie.fr/ballades-poetiques-1.html
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