Texte de Jean ESPARBIE
Sociétaire de l'Académie des arts et des sciences de Carcassonne
Toujours aimer la vie
Michèle CHAPUIS-MAURETTE naquit près de Perpignan, à Saint-Feliu d’Avall. Plus tard, elle habita longtemps au village audois de Caux-et-Sauzens où ses parents exploitaient le vignoble du Clos Saint-Michel. Elle observa et admira le père – Michel MAURETTE – qui écrivait des livres sur la paysannerie avec humanisme, simplicité et talent. Elle croisa nombre de ses amis prestigieux.
Elle devint médecin ophtalmologiste, se maria avec un brillant avocat d’Avignon, cité dans laquelle elle s’installa. A son tour, Michèle CHAPUIS-MAURETTE publia quatorze ouvrages de poésie – la plupart couronnés par des prix prestigieux.Elle dédie à ses parents Toujours aimer la vie, le dernier, publié avec le concours de l’imprimerie PARCHEMIN à Avignon. Là, Les blessures du corps, les blessures de l’âme affrontent le silence, celui des ans, du cœur maintes fois meurtri, de l’esprit soucieux d’ajouter malgré tout l’espoir à chaque jour qui fuit dans le murmure des heures. Dans la noirceur du monde à l’envers, dans la nuit qui vient fatalement, elle s’applique à voir pleurer les premières étoiles sur les victimes des attentats et s’interroge sur les raisons de cette haine : oubli, manque de soutien, orgueil, indifférence ? Cependant, la poétesse aperçoit une étincelle qui jaillit Dans le gris des journées ; sans doute éclaire-t-elle sa petite-fille, son soleil réchauffant des cruelles douleurs. Elle lui redira les phrases de l’arrière- grand-père, nourrissant toujours sa pensée. Elle soulignera les souvenirs qui affluent, tel le vieux pin, dans la cour de la ferme. Il lui disait « Bonjour » quand elle fréquentait le lycée carcassonnais. Montrera-t-elle le bureau étincelant des mots, des livres, des tableaux dans lequel, à chacune de mes visites chez la famille de l’écrivain-paysan, je repense à nos merveilleuses rencontres terminées par le verre de vin cuit apporté par la douce épouse. Sur la pierre du cimetière, Michèle CHEPUIS-MAURETTE offre ses poèmes et entend sans aucun doute les phrases prononcées contre le vent violent au mois de mars 1973 par Jean LEBRAU, le poète de la Corbière. Michel MAURETTE traça un sillon droit et profond où sa fille sème les graines d’amour, plante et soigne de nouvelles vignes d’espérance, en dépit des intempéries folles, des crues d’apocalypses de l’existence partagée avec Fred dont l’éternité ouvre les pages du passé. En feuilletant le miracle de la vie, elle rencontre l’âme de la mère, reconnaît sa voix, effleure sa main. Elle pense à Salvado, le grand-père paternel, Hirsute, harassé, si grand, si solidaire dont l’âne parlait comme un fidèle compagnon. Elle imagine la forge du géniteur de la mère, Le grand maître. Elle observe le papillon qui indique le chemin du rêve.
Et, dans ce recueil, les mots éparpillés caressent le destin que l’on partage avec bonheur auprès de Michèle CHAPUIS-MAURETTE.
Jean Esparbié
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